Paul Gauguin

 « L’artiste ne doit pas copier la nature mais prendre les éléments de la nature et créer un nouvel élément », telle est l’ambition de Paul Gauguin, qui se déploie dans une œuvre picturale prolifique et haut en couleurs. Peintre de renom, il est une figure de proue du mouvement post-impressionniste et de l’expressionnisme, et un précurseur de l’art moderne français. Développant une esthétique très colorée aux formes arrondies, l’artiste continue de fasciner autant que l’homme, de diviser. 

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Enfance et absence de vocation

Paul Gauguin naît le 7 juin 1848, à Paris. Il passe les sept premières années de sa vie à Lima, au Pérou, sa famille ayant fui le régime de Napoléon III. Son père, journaliste républicain, meurt pendant le voyage. À son retour à Paris, le jeune Gauguin est scolarisé à Orléans. À dix-sept ans, il s’engage dans la marine marchande et voyage du Brésil aux Indes, préfigurant son besoin viscéral de s’échapper et de s’enivrer de lieux nouveaux, ainsi que son amour de l’exotisme. Malgré cela, en 1871, suivant le conseil de son tuteur Gustave Arosa, collectionneur, il abandonne son poste et devient agent de change à Paris. Il mène alors une vie confortable, rangée et, marié, il devient père de cinq enfants.

En 1874, Gauguin découvre la peinture impressionniste et se passionne pour ce mouvement. Il s’y essaye lui-même et expose pour la première fois, avec les impressionnistes et notamment Camille Pissarro, en 1879. Selon André Breton dans Le Surréalisme et la Peinture, Gauguin a déclaré : « les impressionnistes cherchent autour de l’œil et non au centre mystérieux de la pensée. » Il se consacre ensuite entièrement à la peinture et s’installe à Rouen, rejoignant son ami Pissarro. Ayant du mal à en vivre dans un premier temps, il s’installe à Copenhague et finit par y laisser femme et enfants, avant de retourner à Paris en 1885. 

 

L’inspiration par la Bretagne

Dès 1886, Paul Gauguin reprend une vie de voyageur, et séjourne une première fois en Bretagne, à Pont-Aven, sur les conseils d’un ami, le peintre Armand Félix Marie Jobbé-Duval. Il y rencontre Émile Bernard, peintre et penseur du cloisonnisme. De retour à Paris, il rencontre Vincent Van Gogh pour la première fois.

Il séjournera une seconde fois en Bretagne en 1888 pour échanger avec les peintres de l’école de Pont-Aven. Devenant le chef de file du mouvement, prenant un rôle de maître, il préconise un retour à l’essentiel et se tourne vers le symbolisme. C’est notamment lors de cette période qu’il peint, fasciné par le thème religieux, Vision après le Sermon en 1888, Le Christ vert en 1889 ou encore La Belle Angèle la même année.

 

L’inspiration par le Sud

La même année 1889, Gauguin rejoint Van Gogh à Arles. Ce dernier lui fait découvrir les estampes japonaises, pour lesquelles Gauguin développe une réelle fascination. Ce séjour durera deux mois, d’octobre à décembre, les deux hommes passant leurs journées à peindre, liés par leur amour de la nature, des arrondis, de la couleur ; ils créent notamment la série sur les Alyscamps ainsi que d’autres paysages et natures mortes. Mais le séjour et l’entente entre les deux hommes se détériorent peu à peu du fait d’oppositions vives sur les plans artistique et personnel. Le tableau de Gauguin Van Gogh peignant des tournesols cristallise les tensions et celles-ci culminent le 23 décembre 1888, lorsque Van Gogh se tranche l’oreille.

 

L’appel au voyage, à l’exotisme

Le peintre rentre à Paris mais en 1891, ruiné, rejetant la vie citadine et ses pairs, il renoue avec ses envies d’ailleurs et embarque pour la Polynésie afin de s’installer à Tahiti. Il a alors 43 ans. Il fait par la suite la connaissance de Teha’amana, jeune fille alors âgée de 13 ans et originaire de Rarotonga. Il en fait sa modèle, sa muse, et entame avec elle une relation vivement critiquée et dénoncée aujourd’hui. En quelques mois, épanoui, Gauguin produit plus de soixante-dix toiles, le climat, la vie et le paysage l’inspirant grandement. Il développe son rapport à la couleur et devient un pionnier du primitivisme. Obnubilé par de grands thèmes comme la mort, le plaisir, il peaufine sa technique. C’est au cours de cette période très inspirée qu’il réalisera ses fameuses toiles Femmes de Tahiti en 1891, Quoi ? Tu es jalouse ? en 1892 ou encore Arearea la même année.

Il revient en France en 1893 en raison de problèmes de santé, ayant contracté, entre autres, la syphilis. C’est aussi l’occasion pour lui de faire connaître ses œuvres au public. Stéphane Mallarmé est ravi de découvrir dans ses œuvres « tant de mystère dans tant d’éclat ». Son art n’est, malgré tout, pas très bien accueilli et, après son passage à Paris, il retourne à Pont-Aven. Il travaille en parallèle avec Charles Morice pour son écrit autobiographique Noa Noa, qui sera publiée en 1897. L’artiste est blessé à la jambe lors d’une altercation musclée à Concarneau en 1894 et boitera alors pour le restant de sa vie.

À nouveau lassé de la vie occidentale, il retourne à Tahiti le 3 juillet 1895. Et, de nouveau, le peintre entretient des rapports avec de très jeunes femmes et sombre progressivement dans l’alcoolisme. Il peint divers tableaux comme Jours délicieux, en 1896, puis Nevermore, en 1897 et écrit pour quelques journaux, en parallèle, où il se montre de plus en plus amer et désabusé. Il échappe à la mort après une tentative de suicide, à la suite d’une nouvelle qui le heurte profondément : la mort de sa fille Aline, en 1897, drame auquel s’ajoutent de nombreux soucis administratifs.

 

Une fin de vie qui dérange

En 1901, Gauguin quitte Tahiti pour les Marquises. Il réside sur l’île d’Hiva-Oa, à Atuona, et fait construire une maison qu’il nomme, comme une provocation grinçante, « Maison du Jouir ». Il se délecte de son nouveau paradis rousseauiste mais, progressivement, les problèmes administratifs se multiplient, Gauguin refusant de payer ses impôts et incitant les indigènes à l’imiter. En parallèle, soulevant une indignation sans nom en son temps comme au nôtre, il sort de l’école catholique Marie-Rose Vaeoho, jeune fille de treize ans, pour que celle-ci devienne sa compagne. Elle est envoyée dans un autre village pour accoucher et Gauguin, toujours dans un esprit de provocation, prend alors pour compagne une autre jeune femme, Henriette, élève à l’école des Sœurs. Se mettant à dos les autorités locales de par sa vie de débauche, il enchaîne les procès et les amendes. Il continue cependant à peindre, s’essayant aussi à la sculpture, grâce à Ambroise Vollard, marchand d’art, qui l’entretient. Gauguin sombre dans l’alcoolisme, sa blessure à la jambe empire et la syphilis le ronge. Il souffre grandement et décède finalement le 8 mai 1903. Sa tombe se trouve à côté de celle de Jacques Brel, qui l’aura rejoint plus de soixante-dix ans plus tard, au cimetière d’Atuona.

Malgré le souvenir amer qu’il a laissé aux populations locales, qui se sont senties utilisées par le peintre français, cela allant de pair avec une vive critique de ses mœurs douteuses avec un œil contemporain, son œuvre aura un impact spectaculaire, de manière posthume, sur la peinture du XXe siècle, inspirant notamment l’expressionnisme.

 

 

Sources :

https://www.musee-orangerie.fr/fr/biographies-dartistes/paul-gauguin

https://www.beauxarts.com/grand-format/paul-gauguin-en-3-minutes/

https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Paul_Gauguin/120941

https://www.franceculture.fr/personne-paul-gauguin

http://evene.lefigaro.fr/celebre/biographie/paul-gauguin-1429.php

Crédit photo : anonyme (domaine public).

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