Edmond Rostand

Poète et dramaturge très en vue de la fin du XIXe siècle, Edmond Rostand est une figure emblématique du théâtre de l’époque, notamment pour sa fameuse pièce, Cyrano de Bergerac, qui fait aujourd’hui encore l’objet de nombreuses adaptations théâtrales et audiovisuelles.

  • Cyrano de Bergerac

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L’attrait de la poésie

Edmond Rostand naît le 1er avril 1868 à Marseille. Issu d’une famille bourgeoise, il est l’arrière-petit-fils d’Alexis-Joseph Rostand, qui fut maire de la ville. Il développe assez tôt, grâce à son père, économiste, une passion pour la littérature. 

Doué à l’école, le jeune homme termine ses études à Paris. Il a étudié le droit, appuyé par son père, mais décide, une fois sa licence en poche, de dévouer sa vie à la poésie.

En 1880, la famille Rostand passe son premier été, qui sera suivi de nombreux autres, à la station thermale de Bagnères-de-Luchon. C’est là que le jeune Edmond se liera d’amitié avec l’homme de lettres Henry de Gorsse. Ces séjours inspirent l’auteur en herbe, qui publiera en 1888 la pièce de théâtre Le Gant rouge et, en 1890, un recueil de poésie intitulé Les Musardises. En août 1888, il se rend au champ de courses de Moustajon en compagnie de son ami Maurice Froyez. Ensemble, ils fleurissent des chars et se livrent à une bataille de fleurs sur la terrasse du café Arnative. Cet épisode sera à l’origine du « Corso Fleuri », la fête des fleurs, qui a toujours lieu aujourd’hui le dernier dimanche d’août dans la ville.

 

Plume et panache

Le 1er avril 1888, à 20 ans, Edmond Rostand fonde le « club des natifs du premier avril » avec l’un de ses amis, Maurice Froyez. Fier et amusé de sa date de naissance, il assure à quiconque lui demande la date de son anniversaire : « Je suis né un premier avril comme Gengis Khan, Sardanapale et Bismarck. » Le club assure à tout membre le privilège de pénétrer gratuitement dans les établissements publics, tels que les hôtels, théâtres ou opéras, de bénéficier à la naissance du parrainage du chef de l’État, de se voir attribuer un logement dans l’un des palais nationaux, ou encore de pouvoir rire aux enterrements. Cet attrait pour l’humour et le décalage sera un ingrédient incontournable pour la mise en place de ses futures créations littéraires.

En 1890, l’écrivain publie à compte d’auteur son premier recueil de poèmes, Les Musardises, que la critique reçoit agréablement, allant même jusqu’à comparer ses vers et sa plume à ceux de Musset ou Hugo. Cette même année, il épouse Rosemonde Gérard, qui écrit elle-même un peu de poésie. Elle est la filleule de Monsieur Leconte de Lisle, lui-même tuteur légal d’Alexandre Dumas. La passion de l’auteur pour la littérature se devine alors aussi dans les lignes de l’amour. Mieux vaut pourtant s’essayer au théâtre qu’à la poésie en cette fin de XIXe siècle

 

Gloire au théâtre

En 1894, Rostand s’initie au théâtre en écrivant pour la Comédie française, alors cantonnée aux pièces classiques et modernes, Les Romanesques, une comédie en trois actes très bien reçue par le public. Le dramaturge remet au goût du jour le drame héroïque en vers et demeure souvent associé au courant néoromantique. Il réitère avec un nouveau succès en 1897, La Samaritaine.

Le 28 décembre 1897 est le jour de la première de Cyrano de Bergerac au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Ce drame romantique en cinq actes met en scène l’histoire tragique d’un héros fier, respecté, « gaulois ».La tirade de ce personnage éponyme, à la scène 4 de l’Acte I, demeure parmi les plus cultes du théâtre français.

Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !

On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme…

En variant le ton, – par exemple, tenez :

Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez,

Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse ! »

Amical : « Mais il doit tremper dans votre tasse

Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »

Descriptif : « C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap !

Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! »

Rostand a compris qu’il lui fallait s’entourer de vedettes comme Sarah Bernhardt ou Constant Coquelin. La première est un triomphe : on rapporte plus de vingt minutes d’applaudissement une fois le rideau tombé. L’auteur est alors décoré de la Légion d’honneur et devient une grande figure nationale.

Son succès ne s’arrête par là car il est à nouveau félicité pour L’Aiglon, pièce écrite pour Sarah Bernhardt en 1900, au même titre que La Samaritaine précédemment. Le 30 mai 1901, il est élu à l’Académie française. Par la suite, Rostand prendra le parti des Dreyfusards au moment de l’affaire Dreyfus, puis sera très impliqué dans la défense et le soutien des soldats français lors de la Grande Guerre. Avec sa morale et son souffle flamboyant, Rostand insuffle à ses œuvres une puissance unique et déconcertante.

L’essoufflement 

Durant plusieurs années, Rostand s’attelle à sa nouvelle pièce, Chantecler, mais il peine à la terminer. La première a lieu le 7 février 1910 maismalgré une salle comble et des acteurs et actrices de renom comme Lucien Guitry, père de Sacha Guitry, Jean Coquelin ou Madame Simonela pièce est moquée et ne trouve pas son public. Cet échec le sidère ; la pièce restera ainsi la dernière jouée de son vivant.  

L’année suivante, en 1911, il écrit La Dernière Nuit de Don Juan, pièce qui ne sera mise en scène que trois ans après sa mort. Le Cantique de l’Aile, dernier recueil de poèmes de Rostand, sera aussi publié à titre posthume, en 1922.

Rostand quitte sa femme en 1915 pour l’actrice Mary Marquet, avec laquelle il passera ses derniers jours. Au crépuscule de sa vie, malade et déprimé, il s’isole dans sa maison, la villa Arnaga, à Cambo-les-Bains et écrit quelques œuvres à l’accueil mitigé. Il meurt de la grippe espagnole le 2 décembre 1918 à Paris. Considéré comme l’un des plus grands dramaturges de son époque, Edmond Rostand reste profondément ancré dans les mémoires, tout comme la dernière tirade de Cyrano :

Arrachez ! Il y a malgré vous quelque chose

Que j'emporte, et ce soir, quand j'entrerai chez Dieu,

Mon salut balaiera largement le seuil bleu,

Quelque chose que sans un pli, sans une tache,

J'emporte malgré vous,

(Il s'élance l'épée haute)

                                     Et c'est...

(L’épée s'échappe de ses mains, il chancelle, tombe dans les bras de Le Bret et de Ragueneau.)

Roxane

                                           C’est ? ...

Cyrano

                                           Mon panache.

 

 

Sources :

http://www.edmond-rostand.com/vie.html

https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Edmond_Rostand/141562

http://evene.lefigaro.fr/celebre/biographie/edmond-rostand-494.php

https://www.babelio.com/auteur/Edmond-Rostand/5207

https://www.lepetitlecteur.fr/cyrano-de-bergerac/biographie/

http://www.apophtegme.com/ALBUM/poisson.htm

Crédit photo : Paul Boyer (domaine public).

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