Serge Gainsbourg

Auteur, compositeur, interprète, pianiste ou même réalisateur, Serge Gainsbourg est une figure emblématique du paysage culturel de la deuxième moitié du XXe siècle en France.

Compagnon légendaire de Jane Birkin, avec laquelle il aura sa fille, actrice de renom, Charlotte Gainsbourg, il sera notamment salué pour ses textes sur l’amour et sa complexité comme sa célèbre chanson « Je t’aime moi non plus », « Initials BB » ou encore « La Javanaise ».

Artiste dont la notoriété ne semble jamais s’estomper, Serge Gainsbourg demeure l’une des figures françaises les plus appréciées du siècle dernier.

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Jeunesse et Guerre mondiale

Serge Gainsbourg est né Lucien Ginsburg le 2 avril 1928 à Paris. Élevé par ses parents, immigrés russes de confession juive, il reçoit une éducation stricte et exigeante. Sa mère, surnommée Olga, est chanteuse au conservatoire russe. Son père, pianiste de music-hall pour subvenir aux besoins de la famille, oblige le petit Lucien à perfectionner son art au piano en lui faisant apprendre et répéter, tous les jours, diverses compositions classiques. En parallèle, l’enfant se passionne pour la lecture et dévore notamment d’une traite l’ouvrage que Jacqueline, sa sœur aînée, lui a offert : Les Contes de Jacob et Wilhelm Grimm. Il se passionne aussi pour la BD et le dessin, ici encore appuyé par son père, préfigurant son désir initial de trouver le succès par la peinture.

La guerre éclate et en 1941, les Ginsburg se réfugient à Courgenard, dans la Sarthe. En 1944, la famille partira vers Limoges et le petit Lucien se fera appeler Lucien Guimbard dans sa nouvelle école à Saint-Léonard-de-Noblat. Un jour, la Gestapo fait une descente dans le pensionnat pour retrouver des enfants juifs et on envoie le petit Ginsburg se cacher dans la forêt, avec une hache, lui disant de se faire passer pour le fils du bûcheron si quelqu’un venait à lui demander son identité. Il passera la nuit dans la forêt mais échappera à ses bourreaux.

 

La peinture, son premier amour

Après avoir délaissé puis abandonné l’école, faute d’intérêt, le jeune Lucien, encouragé par son père, s’inscrit aux Beaux-Arts et à l’Académie de Montmartre. En 1948, il part faire son service militaire à Courbevoie mais se heurte fréquemment avec les figures d’autorité. C’est lors de ce « séjour » qu’il apprend à jouer de la guitare, étoffant l’étendue de ses compétences artistiques. Jusqu’en 1954, Lucien se rêve grand peintre et, en parallèle de son activité, donne des cours de chant ou de dessin. Craignant le manque d’argent, il délaisse progressivement les arts plastiques pour devenir pianiste dans des bars et casinos. Adepte des pseudonymes, grâce auxquels il s’autorise à débrider sa posture et ses mots, il se fera alors appeler Julien Gris puis Julien Grix.

 

Débuts en musique

Petit à petit, craignant le manque d’argent et de succès, il se fait engager dans des pianos-bars et performe à la guitare ou au piano. Il est bouleversé par la vision, un soir sur scène, de Boris Vian, auteur alors sans succès de L’Écume des jours ; le ton aussi bien que l’attitude désinvolte du personnage, déterminant dans la vie du jeune homme, l’inspirent énormément. Il commence alors à lui-même écrire et composer. En 1955, il s’illustre à la guitare avec la chanteuse Michèle Arnaud et, en 1957, cette dernière découvre, en compagnie de Francis Claude, les compositions musicales de l’artiste comme « Le Poinçonneur des Lilas » ; ils le poussent alors à monter sur scène. Aux premières lueurs de son succès musical, en 1957, il adoptera le nom de Serge Gainsbourg. Après avoir composé pour Michèle Arnaud dès 1958, il dévoile son premier album Du chant à la une ! … la même année ; il est félicité mais le succès n’est pas encore au rendez-vous. Il abandonne alors complètement la peinture et, comme le dit la légende, brûle l’entièreté de ses toiles.

 

Les 60s ou la passion

Les albums de Gainsbourg qui suivront, N°2 en 1959, L’Étonnant Serge Gainsbourg en 1961 et N°4 en 1962, connaîtront le même succès, mitigé et décevant, que ce premier disque. En revanche, la reconnaissance se fera moins discrète avec la sortie du titre « L’Eau à la bouche » en 1960. Avec ses albums suivants, Gainsbourg Confidentiel et Gainsbourg Percussion, l’artiste rencontre de nouveaux échecs. Son succès et son renom proviennent alors principalement des chansons qu’il écrit pour les autres, notamment « La Javanaise » pour Juliette Gréco, « Comment te dire adieu » pour Françoise Hardy ou encore « Poupée de Cire, Poupée de Son » pour France Gall qui, le 20 mars 1965, remporte le concours de l’Eurovision.

En 1967, l’artiste vit une histoire passionnelle avec l’immense figure du cinéma Brigitte Bardot, alors toujours mariée à l’homme d’affaires Gunter Sachs. Composant et enregistrant avec elle de nombreux titres cultes comme « Bonnie & Clyde » ou « Je t’aime moi non plus », ce dernier ne paraîtra qu’en 1986 de peur d’un scandale avec son mari. Gainsbourg réenregistrera cette chanson avec Jane Birkin l’année suivante et un succès planétaire s’ensuivra. À sa séparation avec Bardot, histoire d’amour qui aura duré précisément 86 jours, il publie le disque Bonnie & Clyde puis Initials BB, dont la chanson éponyme est un immense succès, reprenant un mouvement de La Symphonie du Nouveau Monde de Antonín Dvořák.

En 1968, Gainsbourg rencontre Jane Birkin lors du tournage du film Slogan et, alors que leur entente ne semble pas bien engagée, ils tombent finalement amoureux. S’ensuit une période très féconde musicalement pour l’artiste, avec notamment la sortie en 1969 de l’album Jane Birkin – Serge Gainsbourg comprenant « Je t’aime moi non plus » et « 69 année érotique ».

 

Les 70s ou la consécration

Cette décennie sera marquée par les albums les plus reconnus de la carrière de Gainsbourg. Innovateur pour son temps, avant-gardiste, il produit des albums concepts tels que Histoire de Melody Nelson, écho au rock progressif anglais, en 1971 et L’Homme à Tête de Chou en 1976, qui tardent néanmoins à rencontrer leur public. Ses autres albums, Vu de l’extérieur en 1973, avec le titre « Je suis venu te dire que je m’en vais », et « Rock Around The Bunker », avec le titre « Nazi Rock » en 1975, lui valent néanmoins une certaine reconnaissance, bien que les radios soient toujours réticentes à diffuser les chansons trop souvent subversives de l’artiste.

À la fin des années 1970, Gainsbourg cède finalement à la tendance disco. En 1978, il compose la chanson « Sea, Sex and Sun » pour le film Les Bronzés, de Patrice Leconte. L’année suivante, il sortira son album Aux armes et cætera, dont la chanson « La Marseillaise (reggae) » fera scandale. Ses compositions, pour la plupart, ne touchent pas immédiatement leur public mais deviennent immanquablement cultes par la suite. Elles sont aujourd’hui considérées comme des chefs-d’œuvre du répertoire musical français.

Gainsbourg est un lecteur exalté, passionné par la musique orchestrale, et la composition des chansons « Initials BB » ou encore « Jane B » témoignent à la fois de cette fascination pour ses pères et d’un élan amusé sur le présent et l’avenir.

 

Les 80s ou Gainsbarre

Gainsbourg se perd progressivement dans ses excès et, en septembre 1980, n’en pouvant plus, Jane Birkin quitte l’artiste après une énième dispute, emmenant alors ses filles Kate et Charlotte. Il rencontrera néanmoins une successeur, nouvelle Galatée nommée Bambou lors d’une soirée en boîte de nuit, et avec laquelle il finira ses jours.

Au crépuscule de sa vie, en 1981, l’artiste créera son ultime alter ego, provocateur et insolent, lunettes noirs et Gitane au bec : Gainsbarre. Progressivement, se confondant avec son personnage, délaissant sa vie de famille, il se perd dans ses excès, d’alcool ou encore de cigarette, lui valant plusieurs séjours en hôpital. Le 11 mars 1984, dans l’émission 7 sur 7 sur TF1, Gainsbourg brûle les trois-quarts d’un billet de 500 francs en direct, choquant profondément les téléspectateurs. Cette scène est restée comme l’une des plus marquantes de l’histoire de la télévision française. Il dévoile son album Love On the Beat la même année, choquant le public avec la chanson « Lemon Incest » chantée avec sa fille Charlotte, puis en 1987 il sort son ultime album, You’re Under Arrest, avec notamment la chanson « Mon Légionnaire ». Il finira par succomber à une crise cardiaque chez lui le 2 mars 1991.

Gainsbourg sera l’un des auteurs, compositeurs et interprètes les plus marquants du XXe siècle et sa postérité se fait toujours profondément ressentir aujourd’hui, notamment avec l’ouverture au public de son hôtel particulier parisien, situé au 5bis rue de Verneuil, gardée en l’état, prévue au printemps 2022.

 

 

Sources :

https://www.franceinter.fr/personnes/serge-gainsbourg

http://evene.lefigaro.fr/celebre/biographie/serge-gainsbourg-2221.php

https://universalmusic.fr/artistes/20000103696

https://www.mistergainsbarre.com/biographie/

https://www.francetvinfo.fr/culture/musique/chanson-francaise/quand-serge-gainsbourg-s-appelait-lucien-ginsburg-puis-guimbard-l-enfance-refugiee-en-terre-limousine-sous-l-occupation_4316933.html

Crédit photo : Jean-François Bauret (CC BY-SA 3.0).

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