Jacques Prévert

Poète, plasticien, scénariste et parolier, Jacques Prévert s’est essayé à toutes les formes d’art et demeure encore aujourd’hui une figure centrale, inoubliable, des débuts du cinéma français et de la sphère artistique de l’entre-deux-guerres.

Profondément indépendantes et libertaires, ses idées ont traversé les âges et résonnent aujourd’hui avec une modernité déconcertante.

Auteur de poèmes mis en chanson comme « Les Feuilles mortes », de films cultes comme Les Enfants du Paradis, de dessins de fleurs exubérantes appelées « Éphémérides », Jacques Prévert déploie un art hétérogène et éclectique qui fait de lui un artiste d’une richesse inestimable.

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Jeunesse et premières révoltes

Jacques Prévert naît le 4 février 1900 à Neuilly-sur-Seine. Il a un petit frère, Pierre, né en 1906, dont il est très proche. Son père, homme de lettres, l’initie tôt à la littérature, au théâtre et au cinéma, mais aussi à la débrouillardise car il vit de petits métiers pour subvenir aux besoins de sa famille. Peu intéressé par l’école, le jeune Prévert la quitte à 15 ans, et enchaîne les petits boulots, traîne dans les rues, rencontre des voyous et commet même quelques menus larcins. Il déclarera plus tard à ce propos : « La virginité de mon casier judiciaire reste encore pour moi un mystère. » En 1920, il effectue son service militaire et il y rencontre Yves Tanguy, peintre, qui deviendra un très grand ami. En 1921, il est affecté à Constantinople et rencontre Marcel Duhamel, lequel sera également un ami et son éditeur.

En 1922, de retour à Paris avec Yves Tanguy, il fréquente les cafés et les artistes. Il est le voisin de Marcel Duhamel, qui habite au 54 rue du Château, lieu de rencontre des mouvements symbolistes et surréalistes. Attiré par le non-conformisme et le souffle de liberté du mouvement surréaliste, Prévert noue des liens avec André Breton, Louis Aragon ou encore Pablo Picasso. Il invente même le terme « cadavre exquis » pour le petit jeu littéraire auquel il s’adonne avec ses compagnons. Libertaire et rêveur anarchique, il rompt définitivement avec le mouvement – et plus spécifiquement avec André Breton, par soif d’indépendance et attrait profond pour le réalisme – en 1930, avec la publication de sa critique « Mort de Monsieur ». Néanmoins, la fantaisie et la féerie du mouvement auront une profonde empreinte sur l’artiste et son art.

 

Affirmation et premières œuvres

Prévert semble trouver l’inspiration par les rencontres et ses amitiés sont toujours vectrices de création et d’émulation intellectuelle. Il fait la connaissance de Pierre Batcheff en 1928 et l’année suivante, il publie divers poèmes dans des revues. Par la suite, son amitié avec le groupe des Lacoudem le fait intégrer celui-ci. En 1932, il rédige plusieurs articles pour le groupe Octobre, issu du groupe Prémices, une troupe de théâtre ouvrière itinérante et révolutionnaire ; dont « La Bataille de Fontenoy », en 1933, qui critique les hommes politiques et la Première Guerre mondiale comme un gâchis cruel qui sacrifie les vies et les idéaux. Cette pièce permettra à la troupe de remporter le premier prix des Olympiades internationales du théâtre ouvrier à Moscou. Le groupe se séparera en juillet 1936 : Jacques Prévert choisit de se consacrer au cinéma.

 

Guerre et cinéma

Après certaines productions comme L’affaire est dans le sac en 1932, faisant participer les deux frères Prévert, la carrière de scénariste et de dialoguiste de l’artiste se déploie notamment entre 1935 et 1945 dans de nombreux films comme Le Crime de Monsieur Lange en 1936, Le Quai des Brumes en 1938, Lumière d’été en 1943 ou encore Les Enfants du Paradis en 1945. Son travail avec Marcel Carné restera probablement l’une de ses collaborations les plus importantes, empreinte de « réalisme poétique ».

Ayant quitté Paris pour Nice lors de la guerre, l’artiste n'en travaille pas moins intensément au cours de cette période. Mais après la guerre, sa production cinématographique ralentit, et il se concentre alors plutôt sur la chanson et la poésie. Jacques Prévert participe, par la suite, à l’adaptation des contes d’Andersen : Le Roi et l’Oiseau en 1956 et Grand Claus et Petit Claus en 1964, ce dernier ayant été réalisé par son petit frère, Pierre. « Le cinéma et la poésie, c’est quelquefois la même chose ! » assure Prévert.

 

La chanson et la poésie

On retrouve dans les dialogues et les textes de Prévert le même esprit, la même fantaisie, le même humour. Ses valeurs se révèlent dans l’ensemble de son œuvre, tout comme son mépris des règles et du conformisme. Cet esprit se retrouve aussi dans son mode de vie. L’artiste ayant principalement vécu dans des hôtels ou des meublés, illustrant à nouveau sa volonté de liberté, il ne s’installe dans un logement bien à lui qu’en 1956, un appartement situé derrière le Moulin Rouge. Il vit alors sur le même palier que Boris Vian, ce dernier se produisant alors dans le cabaret de son frère, Pierre.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, Jacques Prévert aide son ami Joseph Kosma, compositeur juif d’origine hongroise, en le faisant notamment travailler sur divers projets, sous prête-nom. Alors que la majorité des textes de Prévert ne sont pas publiés, une partie est mise en chanson par le compositeur dès 1935. Sa rencontre avec Jacques Canetti, producteur et directeur artistique, est fructueuse puisqu’en découle, dès 1949, l’enregistrement de ses chansons par Yves Montand, Juliette Gréco ou encore Serge Reggiani. Certaines de ses chansons sont devenues mythiques comme « Barbara » ou « Les Feuilles Mortes », cette dernière représentant probablement sa chanson la plus connue et reprise par la suite, notamment par Serge Gainsbourg avec sa « Chanson de Prévert ».

La première publication de Prévert, Paroles, date de 1946 et rencontre un grand succès, aussi bien dans les cercles littéraires, alors très « Rive Gauche », qu’auprès du grand public. Ses recueils suivants, comme Spectacles, La Pluie et Le Beau Temps, Fatras ou Histoires, connaîtront aussi un immense succès auprès d’un très large public. Certaines de ses œuvres seront publiées accompagnées de collages, démontrant une fois de plus le goût de l’artiste pour cette forme d’art. Sa fantaisie le pousse en effet à développer l’assemblage, parfois absurde ou surréaliste, de diverses images et photographies, comme des paysages insolites, des animaux monstrueux ou des femmes végétales. Ses « Fleurs » et « Éphémérides » sont un autre témoignage de cet esprit libre et non conventionnel, illustrant son agenda de grandes fleurs colorées, ne laissant finalement que peu de place à l’indication des activités prévues.

L’héritage humaniste de Prévert

Jacques Prévert est éminemment important pour l’art cinématographique, musical et littéraire de la deuxième moitié du XXe siècle et ses idées font encore écho aujourd’hui dans ses prises de position pour l’engagement social et politique et contre la violation des droits de l’homme ou de la nature. Au crépuscule de sa vie, l’artiste part s’installer en Normandie et décède le 11 avril 1977 d’un cancer des poumons à Omonville-la-Petite.

 

 

Sources :

https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Jacques_Pr%C3%A9vert/139573

http://evene.lefigaro.fr/celebre/biographie/jacques-prevert-566.php

https://www.gallimard.fr/Contributeurs/Jacques-Prevert#

https://en.lepetitlitteraire.fr/auteurs/jacques-prevert

Crédit photo : Catherine Prévert (CC BY-SA 1.0).

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