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Né le 20 octobre 1854 à Charleville, élève brillant, Arthur Rimbaud se démarque par son ambition. Il publie pour la première fois dans La Revue pour tous en 1870. Encouragé par son professeur de rhétorique Georges Izambard, inspiré par les Parnassiens et notamment Théodore de Banville, il se rend à Paris où il fait la connaissance de Paul Verlaine. Il compose le Bateau ivre (1871) puis Une saison en enfer en 1873 quand il revient à la Ferme des Roches. Le recueil Illuminations, écrit entre 1872 et 1875, suscite encore de nombreuses interrogations. Et par ses poèmes, comme Le Dormeur du val, résonne toujours la précocité de son talent.
Arthur Rimbaud naît le 20 octobre 1854 à Charleville, au sein d’une famille bourgeoise et conservatrice. Deuxième d’une fratrie de cinq enfants, son père est militaire, sa mère est fille de propriétaires ruraux. Le père du jeune homme quitte la famille en 1861, c’est sa mère qui élève seule ses cinq enfants. Dévote, elle applique des principes éducatifs très stricts. Le jeune Arthur excelle lors de son parcours scolaire, décrochant à plusieurs reprises des prix de littérature.
En 1870, Arthur Rimbaud rencontre Georges Izambard, professeur de rhétorique au collège de Charleville, qui lui fait découvrir les parnassiens (Leconte de Lisle, Banville, Verlaine). Cette même année, Rimbaud écrit son premier poème, Les Étrennes des orphelins. Ce poème parle de deux enfants orphelins, Rimbaud trace un portrait amer de ce qui leur manque, de ce à quoi ils rêvent. Ils dorment, ils cherchent à aimer ce qui nous semble être dût quand on vient au monde : des parents. Les trois derniers mots de ce poème sont « À notre mère ».
Après une brève correspondance entre les deux hommes, Verlaine, séduit par la plume de Rimbaud, l’invite à Paris en 1871. Rimbaud saute sur l’occasion, lui qui à cette époque rêve de partir de Charleville où il se sent prisonnier. Les deux poètes se rencontrent à un diner en compagnie de la femme de Verlaine et de ses beaux-parents. Le dîner est chaotique, Rimbaud va jusqu’à s’amuser à faire du bruit en mangeant et à fumer sa pipe à l’envers.
Mathilde, l’épouse de Verlaine est souffrante, elle demande à Verlaine d’aller quérir un docteur, il croise Rimbaud sur la route. Rimbaud lui annonce qu’il part pour Bruxelles avec lui. Rimbaud réussit à le convaincre de partir avec lui pour la Belgique « Laisse-nous tranquille avec ta femme. Viens je te dis, on s’en va. »
Verlaine ressent de la culpabilité à chaque fois que l’ivresse n’est pas suffisante pour qu’il perde la tête. Il écrit quelques jours après son départ « Ma pauvre Mathilde, n’aie pas de chagrin, ne pleure pas. Je fais un mauvais rêve, je reviendrai un jour. »
Arthur Rimbaud est connu pour son impulsivité, sa violence et même sa méchanceté, Verlaine est victime des accès de colère de Rimbaud tout au long de leur histoire. L’alcool n'arrangent rien, vint un jour où Rimbaud aurait même tenté de poignarder Verlaine.
Mathilde décide de partir à Bruxelles pour récupérer son mari, accompagnée de sa mère. Elle se sent humiliée et abandonnée, Verlaine accepte de revenir auprès d’elle, Mais Rimbaud suit Verlaine et le persuade de rester avec lui. Verlaine écrira une lettre à Mathilde quelques temps plus tard, en 1872 « Vous m’avez fait tout, vous avez peut-être tué le cœur de mon ami ; je rejoins Rimbaud, s’il veut encore de moi après cette trahison que vous m’avez fait faire ».
Leur histoire d’amour est passionnelle et tumultueuse, l’anecdote la plus connue de cet amour est certainement les deux coups de feu tirés par Verlaine sur Rimbaud. Le premier toucha le poignet, le deuxième manqua sa cible. Verlaine avait alors passé la journée à boire lorsque Rimbaud lui annonça qu’il le quittait, et Verlaine, désespéré, utilisa le pistolet qu’il avait acheté dans l’optique de se suicider. Rimbaud envoya un exemplaire d’Une Saison en Enfer à Verlaine alors que celui-ci était enfermé à Bruxelles pour avoir tiré sur Rimbaud, dédicacé avec ces deux mots « Sans rancune ! ».
« Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, ou tous les vins coulaient. » C’est ainsi que débute Une Saison en Enfer, recueil de poésie écrit en prose par Arthur Rimbaud et publié à compte d’auteur en octobre 1873. Ce recueil est sûrement l’œuvre de Rimbaud la plus connue et reconnue, Rimbaud l’écrit à seulement dix-neuf ans dans la solitude de la ferme de Roche entre les mois d’avril et août 1873. Ce recueil témoigne de deux épisodes douloureux dans la vie de Rimbaud, l’exil à Londres, où accompagné de Verlaine il fuit le scandale provoqué par leur homosexualité, et la dispute pendant laquelle Verlaine tira deux coups de feu. Ce recueil est très personnel, il relate la vie de son auteur, d’une idéalisation de la jeunesse à l’expression de la folie. Arthur Rimbaud fait part de ses doutes, ces textes sont écrits lorsque Rimbaud est en proie à la solitude, aux regrets et à la tristesse. Rimbaud use d’un langage imagé, fait de métaphores et d'ellipses. Les poèmes constituant Une Saison en Enfer sont définis comme « recueil de petites histoires en prose », par Rimbaud lui-même dans un écrit à Delahaye (écrivain, biographe français et ami d’Arthur Rimbaud). Verlaine qualifie ce recueil comme une « Autobiographie psychologique ». Cette œuvre se situe donc entre journal intime, poésie, et autobiographie.
Ce recueil est composé de poèmes en vers libres et en prose écrits entre 1872 et 1875, il est partiellement publié en 1886, puis à titre posthume dans son intégralité en 1895. Verlaine suggère que ce titre signifie “Illustrations colorées”, la féérie y est très présente, Rimbaud offre en bâtissant autour de visions, des univers à part, entiers. Il est aussi question de la jeunesse, thème cher à Rimbaud, c’est d’ailleurs le trente et unième titre sur les quarante et un du recueil, ce titre regroupe quatre textes. Rimbaud n’a pas décidé l’ordre des poèmes, c’est Verlaine qui les publie après que Rimbaud lui ait laissé une liasse de feuillets lors de leur dernière rencontre en 1875.
L’un des poèmes les plus connus de Rimbaud est sans aucun doute Le dormeur du Val, repris en chanson par Reggiani avant qu’il ne chante à la suite Le déserteur de Boris Vian. Ce poème raconte et décrit la mort d’un soldat touché par deux fois au côté droit. Dans ce poème Rimbaud transpose notre imaginaire juste à côté du soldat, on est à ses côtés, guettant une respiration qui ne vient pas. Malgré la poésie de Rimbaud on doit se rendre à l’évidence, ce jeune homme est mort.
Rimbaud cesse d’écrire à vingt ans et mène à partir de là une vie aventureuse. En 1875, il s’engage dans les troupes coloniales des Indes néerlandaises (Indonésie actuelle) puis devient agent commercial. En décembre 1880 il part à Harar en Abyssinie et devient gérant d’un comptoir où s'échangent or, ivoire, armes, soie et bimbeloterie. En 1891, une tumeur au genou le conduit à se faire rapatrier, il est amputé à Marseille. Il part quelques semaines à Roche pour être auprès de sa mère et de sa sœur Isabelle. Il rêve de repartir en Afrique, il revient donc à Marseille où son état empire, il y meurt le 10 Novembre 1891 à l’âge de 37 ans, il est enterré à Charleville, lieu de sa jeunesse.
René Char écrit en 1962 dans Fureur et mystère « Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud ! Tes dix-huit ans réfractaires à l'amitié, à la malveillance, à la sottise des poètes de Paris ainsi qu'au ronronnement d'abeille stérile de ta famille ardennaise un peu folle, tu as bien fait de les éparpiller aux vents du large, de les jeter sous le couteau de leur précoce guillotine. Tu as eu raison d'abandonner le boulevard des paresseux, les estaminets des pisse-lyres, pour l'enfer des bêtes, pour le commerce des rusés et le bonjour des simples. Cet élan absurde du corps et de l'âme, ce boulet de canon qui atteint sa cible en la faisant éclater, oui, c'est bien là la vie d'un homme ! On ne peut pas, au sortir de l'enfance, indéfiniment étrangler son prochain. Si les volcans changent peu de place, leur lave parcourt le grand vide du monde et lui apporte des vertus qui chantent dans ses plaies. Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud ! Nous sommes quelques-uns à croire sans preuve le bonheur possible avec toi. »
Arthur Rimbaud laisse une œuvre prodigieuse, il a marqué la poésie par ses thèmes, son style, il est l’un des plus grands poètes français. Une figure de précocité, une vie hors du commun, à la fois poète et marchand d'armes, aventurier et amoureux, Arthur Rimbaud a écrit l’ensemble de son œuvre en l’espace de six années. Et si, après René Char, c’était à notre tour de lui rendre hommage ?
Crédit photo : Etienne Carjat (domaine public).